La vache rousse! (suite) Haim BERKOVITS

Le 19 septembre dernier, une nouvelle incroyable nous est parvenue dans la nuit : les vaches tant attendues ont finalement décollé et étaient en route pour leur nouvelle demeure en Israël. Après des mois de lutte contre la bureaucratie, les vaches en provenance du Texas ont enfin obtenu toutes les autorisations nécessaires afin de voyager vers leur terre d’accueil. Une quarantaine de personnes, dont le Rav Israël Ariel de l’Institut de Temple, étaient présentes à l’aéroport de Ben Gourion pour les accueillir.
Je connais le Rav depuis des années, mais je n’avais jamais vu ses yeux si remplis de larmes et un sourire si large sur ses lèvres. C’était clair qu’il était submergé par l’émotion et la joie. « Vous vous rendez compte », nous a-t-il dit, « c’est un jour de bonheur et d’allégresse qui nous propulse vers la Guéoula (la délivrance) ». Soudain le brouhaha a cédé la place au silence, la tension était palpable alors que nous les voyions arriver enfin. L’un des participants a saisi le Shofar (la corne de bélier) qu’il avait apporté et a brisé le silence avec un son puissant et perçant. Les vaches ont avancé vers nous, éblouissantes et majestueuses, et l’assemblée a récité la bénédiction de Chéhiyanou, l’émotion était à son comble. J’oubliais de vous préciser ; leurs poils étaient d’un brun rougeâtre, il s’agissait de vaches rousses…
Un des passages de la Tora que nous lisons le Chabat après la fête de Pourim, nous parle d’une cérémonie « étrange » celle de la vache rousse, un rituel destiné à purifier les personnes exposées à la mort humaine.
La préoccupation à ce sujet découle de la fête de la Pâque (Pessah) imminente, car l’un des commandements de la fête est de manger le sacrifice de la Pâque (Pessah) dans la pureté. C’est le moment de commencer et de se préparer, et d’être purifié de « l’impureté des morts ».
Contrairement à la purification normale d’autres impuretés, où après un certain temps, il est nécessaire de se plonger dans un mikvé (bain rituel) avec de l’eau pure, le processus de purification de l’impureté d’une personne décédée était plus complexe et comprenait l’aspersion d’eau
spéciale mélangée aux cendres d’une « vache rousse ». L’aspersion était faite à l’aide de « mousse » le troisième jour et le septième jour d’impureté, par une personne pure sur la personne qui avait été souillée. Cette personne pure devient impure, jusqu’à ce qu’elle plonge dans le mikvé et puis ce soir-là, elle redevient pure.
Pour obtenir les cendres de la vache rousse il fallait trouver une vache dont le poil est brun rougeâtre (deux poils non roux, côte à côte suffisent à la disqualifier ), qui n’avait jamais tiré le joug de la charrue et n’avait jamais porté un fardeau, aucun travail n’avait été fait sur elle pour les besoins de l’homme.
Une fois la vache choisie, elle était emmenée au mont des Oliviers, à un endroit précis, face à l’entrée du Temple. Pour arriver à l’endroit de la cérémonie, on préparait un passage spécial de manière à ce que la vache rousse et ceux qui s’en occupaient ne soient pas souillés au contact d’un mort.

La vache rousse était sacrifiée puis brûlée au sommet d’un ensemble d’arbres et de bois de cèdre, de mousse. Une fois le feu éteint, les cendres étaient ramassées et mélangées à de l’eau de source afin de servir à purifier les personnes qui avaient été souillées par l’impureté d’un mort.
Les cendres brûlées d’une vache suffisaient durant plusieurs centaines d’années, car une petite quantité de cendres peut être mélangée dans un grand récipient d’eau de source, et une goutte qui touche une personne ou un récipient suffit à se nettoyer de l’impureté.
La raison de cette Mitsva est inconnue aujourd’hui, déjà à l’époque talmudique, on l’avait oubliée et en son absence, des traditions se sont créées autour du «mystère» qui revendique une ambiguïté délibérée.
Maimonide nous précise qu’il y eut dans l’histoire neuf cérémonies de la vache rousse.
La première, eut lieu du temps de Moshé (Moïse) dans le désert, le lendemain de l’inauguration du Michkan (Tabernacle), par Eleazar, fils d’Aharon le Cohen (Prêtre), Elhazar était à ce moment là adjoint du Cohen Gadol (Grand-Prêtre).

C’est durant la période du début Second Temple qu’Ezra Ha Sofer (Ezra le Scribe) officia la seconde cérémonie.
Chimon Hatsadik (Simon le Juste) Cohen-Gadol (Grand-Prêtre) du Second Temple et membre de la Grande Assemblée brûla deux vaches rousses.
Yohanan, Cohen-Gadol (Grand-Prêtre) du Second Temple brûla deux vaches rousses également.
Elyaouni ben Kof, Cohen-Gadol (Grand-Prêtre) en brûla une,
Hananel l’Egyptien, connu aussi sous le nom de Hananel Hababli, Cohen-Gadol (Grand-Prêtre) de l’époque fin du Second Temple, en brûla une.
Ismaël fils de Piabi Cohen-Gadol (Grand-Prêtre) de l’époque fin du Second Temple, en brûla une également. Les cendres de cette vache rousse servirent à la purification durant plusieurs siècles. Le Roch (Rabbi Asher ben Yehiel (1250-1327), connu sous le nom de Roch, qui fut l’un des plus grands commentateurs du Talmud) écrit que pendant la période Amorrite (300-400 ans après la destruction du Second Temple) les cendres de la vache rousse d’Ismaël, fils de Piabi étaient encore utilisées.
Toujours selon Maimonide, le Machiah (le Messie) lui-même pourrait officier la cérémonie de la dixième vache rousse. (Loi de la vache rousse chapitre 3)
Ainsi donc le retour de la vache rousse serait un signe de la venue du Machiah (Messie).
Durant 2000 ans aucune vache rousse n’apparût. Il y eut malgré tout certaines cérémonies à travers le monde copiant la cérémonie de la vache rousse, mais aucune ne fut réellement conforme à la tradition. Par exemple, La communauté Beta Israël (également appellée communauté des juifs d’Ethiopie), a orchestré à travers l’histoire un cérémonial ressemblant au cérémonial de la vache rousse. Apparemment, ils utilisaient des vaches avec une teinte marron clair se rapprochant de la couleur exigée dans la Torah. Cette coutume a été arrêtée dans les années 70, suite à la guerre civile en Ethiopie. Ces vaches rouges ne sont pas considérées comme casher selon la Halacha.
Selon le chercheur Samaritain Rabbi Moshe Gaster, les prêtres Samaritains ont officié une cérémonie de la vache rousse sur le Mont Grizim en 1358. Cette cérémonie non plus n’est pas considérée comme cacher.
En 2013, l’Institut du Temple a tenté d’élever artificiellement une vache rouge à partir d’un troupeau de vaches importées du Nebraska, l’essai ne fut pas concluant.
La volonté de trouver une vache rousse conforme à la halakha devint au fur et à mesure des années une préoccupation pour de nombreuses personnes, n’était-elle pas un signe de la l’ère messianique? Alors oui l’émotion était palpable devant l’arrivée de ces vaches rousses attendues depuis 2000 ans.
Grâce à l’intervention d’un homme, dont le nom restera secret à sa demande, cinq vaches rousses sont aujourd’hui en Israël. Les vaches ont été transportées jusqu’à la vallée de Beit Shéan, où elles resteront jusqu’à ce qu’elles atteignent l’âge requis pour la cérémonie (deux ans et un jour).

Si les vaches gardent leurs poils roux selon les règles strictes imposées par la Halakha, cela signifiera la tenue d’une cérémonie extraordinaire sur le Mont des Oliviers. Les implications de cette cérémonie seront incroyables, la pureté qu’il en ressortira, nous permettra de reconstruire le Beit Hamikdash (le Temple).
Avec le retour du peuple juif sur sa terre, nous sommes dans une période messianique, les vaches rousses sont un signe de plus de l’arrivée imminente du Mashiah. Le temps est venu d’accélérer sa venue et de reconstruire le Beit Hamikdash.


Haim BERKOVITS

Coordinateur Israel Is Forever