N’avons nous pas privé de notre présence juive et de nos prières l’endroit le plus sacré du judaïsme ? Edito de Haim Berkovits

Un homme pleure en silence, avec sa main il retire un bout de papier chiffonné de sa poche sur lequel il a griffonné un voeu, une prière, une demande à Dieu. Il dépose le papier dans l’interstice des pierres millénaires du Mur Occidental. Comme lui, ils sont des millions à venir chaque année se recueillir à cet endroit, juifs et non juifs. Pour certains, il est comme un aimant qui attire à lui les hommes du monde entier. Pour d’autres il est le dernier vestige nostalgique d’une époque passée. On raconte que c’est ici qu’a lieu à tout moment la rencontre entre l’homme et son Créateur.

Ouvert au public tous les jours de l’année 24h/24h vous y rencontrerez aussi bien des groupes de touristes venus d’Inde, de Chine ou des Etats-Unis que des juifs ultra-orthodoxes. C’est à cet endroit que les parachutistes de l’armée de Tsahal viennent prêter serment de fidélité à l’Etat d’Israël. C’est ici également que sont passés de nombreux chefs d’État en visite officielle en Israël impensable pour eux de manquer une visite au Mur Occidental.

Certains l’appellent le Mur des lamentations, suite à un texte d’un moine chrétien Jérôme de Stridon au cinquième siècle qui parle de façon méprisante des Juifs autorisés à venir « se lamenter » devant les vestiges du mur une fois par an. Même si Jérôme de Stridon parle d’un autre mur, le terme « Mur des Lamentations » va être adopté au dix-neuvième siècle par les chrétiens et la population française pour désigné le Mur Occidental et reste très mal perçu par le peuple juif qui l’appelle simplement « Mur Occidental » ou encore « Kotel ».

C’est selon les dirent l’endroit le plus Saint du Judaïsme, un mur du Temple qui aurai survécu à la destruction. C’est devant ce mur que depuis des siècles les Juifs ont prié, et pour cause : « La Splendeur Divine n’a jamais quitté le mur Occidental » nous disent les Sages.

Et pourtant ….

L’histoire fut faussée, la réalité fut cachée, volontairement transformé, le Mur dont parle les Sages n’est pas celui-là, le Mur Occidental n’est pas l’endroit le plus Saint du Judaïsme, il n’est pas non plus l’un des murs du Temple détruit en 70 par Titus.

L’endroit le plus saint du Judaisme est au dessus du Mur occidental : Le Har Habait Le Mont du Temple là ou jadis tronait le Temple de Jérusalem.

Alors pourquoi le Rabbinat d’Israël y interdit-il l’accès ? Pourquoi la police nous interdit-elle d’y prier ? Pourquoi aux yeux de la majeure partie du peuple juif le Mont du Temple a perdu de son importance pour laisser la place au Mur Occidental ? Pourquoi dans la liste des lieux saints du judaïsme au ministère du culte d’Israël, le Mont du Temple n’y figure même pas ? Pourquoi avoir menti, pourquoi avoir trahi l’endroit le plus Saint du judaïsme ?

Le peuple juif, les rabbins d’Israël, l’Etat, le gouvernement ont-ils voulu renoncer de facto au Mont du Temple ?

N’avons-nous pas depuis la destruction du Temple en 70 après l’ère, pendant 2 000 ans prié pour récupérer cet endroit afin d’y reconstruire le Temple ? A chaque prière n’avons- nous pas mentionné notre désir le plus hardant que « Que le Temple soit construit bientôt de nos jours… »

N’avons-nous pas récupéré contre toute attente le Mont du Temple durant la guerre des six jours en 1967 ?

C’est sans précédant dans aucun autre pays, dans aucune autre religion à savoir : renoncer à son patrimoine le plus cher !

Et si à l’origine de cette volonté de renonciation, il n’y avait que quelques hommes dont un plus particulièrement : Moshé Dayan, qui fut ministre de la Défense d’Israël pendant cette fameuse guerre des Six jours.

L’histoire passionnante de la libération du mont du Temple durant cette guerre, a été documentée en détail dans des dizaines de publications et de livres. L’appel de Mota Gur, commandant de la Brigade des parachutistes israéliens à la radio lors de la libération de Jérusalem en 1967: « LE MONT DU TEMPLE EST ENTRE NOS MAINS », est entré au panthéon des symboles nationaux de l’État d’Israël. Mais la réalité fut toute autre.

A peine quelques heures après la libération du Mont du Temple en 1967, Moshé Dayan fit enlever le drapeau israélien que les parachutistes avaient accroché sur le Mont du Temple. Il fit également évacuer la compagnie de parachutistes qui avait était installé de façon permanente dans la partie nord du Mont du Temple. Dayan a rejeté les demandes du général Uzi Narkis, qui a tenté de l’en empêcher. Narkis rappela à Dayan que la Jordanie avait elle aussi placé une unité militaire sur le Mont du Temple pour assurer l’ordre, et que de la même manière il y a plusieurs siècle les Romains qui avaient fait stationner une garnison dans la citadelle d’Antonia construite par Hérode collé au Mont du Temple sur le flan nord, mais Dayan en avait décidé autrement. Il déclara à Narkis que le lieu devrait être confié au Waqf musulman.

Dans sa première déclaration concernant les lieux saints Dayan déclara qu’Israël n’était pas venu conquérir d’autres lieux saints ou pour restreindre les droits religieux.

Quelques heures après la déclaration de Dayan, le Premier Ministre de l’époque Levi Eshkol convoqua les chefs des communautés religieuses et leur a assuré que les lieux saints pour eux ne seraient pas lésés. Eshkol a informé les grands rabbins d’Israël qu’ils seraient responsables des aménagements près du Mur Occidental. Aux chefs religieux chrétiens ils promit qu’ils continueraient à établir les arrangements dans leurs lieux sacrés notamment à l’église du Saint-Sépulcre. Et aux musulmans il promit le Mont du Temple….

Dayan et le gouvernement de l’époque interdirent de facto la prière et le culte juifs sur le Mont du Temple, contrairement aux dispositions qu’ils prirent concernant le Caveau des Patriarches à Hébron, qui abrite une mosquée.

Pour Dayan le Mont du Temple n’était rien d’autre qu’un « site historique de souvenir du passé », il demanda donc que les juifs puissent le visiter sans restriction, visiter, mais pas y prier. Et pour les rabbins, pour quelle raison acceptèrent-ils la résolution du gouvernement sans même la discuter ?

Environ deux mois après la conquête de Jérusalem, en août 1967, le gouvernement israélien décide secrètement que « les fidèles juifs qui gravissent le Mont du Temple seront dirigés vers le Mur occidental ». Le gouvernement n’a jamais explicitement interdit aux Juifs de monter sur le mont du Temple, mais tous les gouvernements israéliens ont depuis adopté une politique interdisant aux Juifs de prier sur le mont du Temple par crainte d’une réaction violente des musulmans, qui ont décidé sans aucun fondement dans la loi musulmane que les Juifs ne devaient pas prier là-bas. Moshe Dayan, a rencontré les chefs du Waqf à Jérusalem et, de sa propre initiative, a déterminé les modalités de gestion du Mont du Temple d’alors à aujourd’hui.

Cet arrangement stipule que le Mont du Temple continuera d’être géré civilement par le Waqf musulman, tandis que la responsabilité du maintien de la sécurité et de l’ordre public à l’intérieur et autour du Mont du Temple seraient entre les mains des forces de sécurité israéliennes. De plus, les non-musulmans auront le droit de visiter le Mont du Temple à des heures coordonnées à l’avance avec les musulmans et la prière des Juifs sur la montagne serait formellement interdite. Dayan a ainsi cherché à neutraliser la dimension religieuse du conflit entre Israël et les Arabes.

Tout au long de l’histoire, d’autres religions, d’autres peuples ont conquis Jérusalem. Ils ont détruit les lieux de culte de leurs prédécesseurs et les ont transformés en lieux de culte pour eux. C’est ainsi que les musulmans et les chrétiens se sont comportés les uns envers les autres lorsque Jérusalem est passée de main en main. Les musulmans et les chrétiens à tour de rôle nous ont souvent empêché d’accéder à notre lieu le plus sacré le Mont du Temple. En revanche, depuis 1967, nous avons agi bien différemment. Les événements qui ont eu lieu depuis sur le Mont du Temple prouvent que cette intention n’a pas abouti et le conflit n’est pas que politique ou sécuritaire il est également religieux.

Aujourd’hui. Malgré les innombrables tentatives des Juifs de prier « à découvert » sur le Mont du Temple, l’État a jusqu’à ce jour adhéré à l’interdiction aux Juifs de prier sur la montagne. Selon la loi sur la préservation des lieux saints (1967), le ministre des cultes pourrait exercer son autorité et mettre en place des lois afin de réglementer la prière des juifs et des musulmans sur la montagne, mais il s’abstient de le faire sur les instructions du gouvernement.

Pourtant la prière est un droit constitutionnel fondamental, de sorte que l’État n’a pas le droit d’y interférer, sauf dans des cas extrêmes. Tout comme le droit de manifester, et au même statut que le droit à la liberté d’expression.

La prière accompagne le peuple juif depuis des milliers d’années et est au cœur de la culture et de la tradition juive. Il n’y a aucun doute que l’intérêt que portent les juifs a prier sur le Mont du Temple est légitime n’y a-t-il pas de lieu plus propice à la prière que le lieu le plus sacré du judaïsme ?

A ceux qui rétorqueront que le statut quo doit malgré tout être respecté, notamment les dirigeants occidentaux qui demandent à Israël de « préserver le statut quo » et « de respecter le caractère sacré des sites musulmans », accompagnés par des reproches sur l’entrée « provocante » de la police israélienne sur le Mont du Temple et de l’utilisation d’une force apparemment « excessive » contre « des fidèles arabes innocents ».

Cette description déformée et l’accusation d’Israël sur le Mont du Temple sont scandaleuses. Les faits simples sont que le statut quo sur le Mont du Temple est mort depuis longtemps. Il a été massivement violé par des acteurs arabes radicaux et islamistes qui ont transformé le Mont du Temple en une base pour des actions hostiles contre Israël, au lieu de le défendre en tant que centre de prière et de paix. D’un autre côté, Israël agit avec autant de retenue que possible face aux attaques arabes. Des provocateurs du Waqf et du Mouvement islamique ont attaqué les juifs qui se sont rendus sur Mont du Temple, ou sur le Mur Occidental. Ils ont attaqué également des civils émiratis et bahreïnis priant sur le Mont du Temple (car ces pays avaient signé les accords d’Abraham). Ils ont limité le droit de visiter le Mont du Temple à quiconque n’est pas musulman et ont prêché la haine et la violence contre Israël sur les scènes du Mont du Temple.

Des terroristes arabes ont introduit clandestinement des armes à feu sur le mont du Temple et ont tiré sur la police qui gardait les entrées du Mont du Temple. Les dizaines de milliers de rochers et de pierres entassés par les Arabes sur le mont du Temple pour des attaques programmées, ne sont rien de moins qu’un scandale.

Le Waqf a réalisé durant toute ses années de statut quo de vastes projets de construction illégales sur et sous le mont du Temple, détruisant des milliers d’années de trésors archéologiques juifs. Le dirigeant arabe Mahmoud Abbas, un personnage que la presse mondiale qualifie de modéré, continue d’attiser et d’encourager la violence contre Israël en répétant le mensonge selon lequel « al-Aqsa est en danger » et que « les sionistes complotent pour bombarder la mosquée et le temple musulman » sur le Mont du Temple.

En fait, Abbas a déclenché une vaste campagne contre les droits historiques légitimes d’Israël à Jérusalem. En septembre 2015, il a crié que les sales pieds juifs ont « profané » les lieux saints des musulmans et des chrétiens à Jérusalem. « Al-Aqsa est à nous, tout comme l’église du Saint-Sépulcre », a-t-il rugi. « Ils (les Juifs) n’ont pas le droit de fouler ces lieux avec leurs sales pieds. Nous ne leur permettrons pas de le faire, et nous ferons tout pour protéger Jérusalem. »

Il a ensuite fait l’éloge des gangs islamiques stationnés sur le Mont du Temple. « Chaque goutte de sang versée à Jérusalem est une goutte pure tant qu’elle est pour l’amour d’Allah. Chaque martyr ira au ciel et chaque personne blessée recevra sa récompense dans la volonté d’Allah. »

L’ancien juge en chef du tribunal religieux de l’Autorité palestinienne, Cheikh Taysir al-Tamimi, a déclaré que la politique islamique de l’Autorité palestinienne et sa position politique sont que les Juifs devraient également être interdits de prier au Mur Occidental, puisque le Mur Occidental fait partie de la mosquée bénie Al-Aqsa et ne fait en aucun cas partie d’un soit disant ancien temple juif qui n’a jamais existé.

Les acteurs islamiques extrémistes ont intensifié leur rhétorique sur les Juifs « attaquant » al-Aqsa et « massacrant » les fidèles musulmans. Le Premier ministre jordanien a salué a différentes reprises les émeutiers palestiniens « qui se dressent fièrement comme des tourelles et jettent des pierres sur les sionistes profanant la mosquée al-Aqsa sous la protection du gouvernement d’occupation israélien ».

Statut quo ? En fait, la violence islamique est devenue le nouveau statut sur le Mont du Temple. C’est ce statut quo qu’on nous demande qu’Israël préserve ?!

Malheureusement, la responsabilité de la détérioration de la situation à l’intérieur et autour du Mont du Temple nous incombe. N’avons nous pas privé de notre présence juive et de nos prières l’endroit le plus sacré du judaïsme ?

Haim Berkovits coordinateur Israel Is Forever