UNE SEULE CONVERSION POUR UN SEUL PEUPLE – par Le Député Betzalel Smotrich

UNE SEULE CONVERSION POUR UN SEUL PEUPLE –

Le Député Betzalel Smotrich

Au sujet du défi de la conversion en Israël et la reforme de conversion que mènent Liberman, Malinovsky et le Ministre Kahana.

 La réforme des conversions est une réforme dangereuse qui démantèlera la conversion nationale de l’État d’Israël, divisera le peuple et constituera une tromperie des convertis.

La réforme veut « casser le monopole de la Rabanout » concernant la conversion. Or le seul monopole de la Rabanout qui existe aujourd’hui  concerne les règles de la Halakha appliquées en matière de conversion.

Les véritables motivations des initiateurs de cette réforme:

Certains ont pour but d’ébranler la définition de « qui est juif », promouvoir l’assimilation sociologique qui coupe le judaïsme de la Torah, et constituer un judaïsme Israélien nouveau.

D’autres veulent ébranler le monopole de l’orthodoxie sur le judaïsme en Israël et ainsi obtenir la reconnaissance d’autres courants. D’autres enfin voient l’opportunité d’affaiblir la Rabanout en tant qu’expression nationale du judaïsme de l’État.

La réforme n’est pas une initiative du ministre Matan Kahana . C’était une exigence du parti Israël Beitenou pour rentrer dans la coalition. Le rabbin conseillant Liberman à ce sujet tente depuis longtemps d’imposer sa vision des conversions, permettant entre autres la conversion de mineurs issus de familles non religieuses sans pour autant s’engager à respecter les mitsvot, ce qui s’inscrit en contradiction avec la position de la Rabanout.

Tout d’abord est ce logique que les députés arabes Mansour abbas et Walid Taha décident pour nous qui est juif ? Qu’une réforme sur les conversions aussi dramatique dépende de leur vote ? Qu’elle dépende du vote de partis comme Israel Beitenou et Meretz qui ne veulent surtout pas renforcer l’identité juive du pays, le judaïsme orthodoxe et la Rabanout, mais au contraire pousser Israël à devenir un « État de tous ses citoyens », laïque et progressiste.

Il existe aujourd’hui plus de 300,000 citoyens non juifs, montés grâce à la Loi du Retour, ce qui pose de graves problèmes d’assimilation et certains prétendent que la solution est de convertir tous ces non juifs. C’est faux. La solution contre l’assimilation est dans le renforcement de l’identité et de la conscience juives à l’intérieur même du peuple juif et non dans des solutions techniques qui contournent le problème et ne tiennent pas la route.

La solution n’est certainement pas une « assimilation sociologique » qui voudrait créer un nouveau judaïsme non basé sur la Halakha. On ne peut convertir quelqu’un si l’on sait pertinemment qu’il ne compte pas pratiquer les Mitzvot. La Rabanout Harashit fait preuve d’une certaine souplesse jusqu’à la limite que permet la Halakha mais nous ne pouvons pas transformer la conversion en une fiction insignifiante.

En Israël existe depuis des dizaines d’années un système de conversion national civil et militaire (projet « Native »). Ce système opère en tant qu’unité indépendante au sein du Cabinet du Premier Ministre et fonctionne selon les décisions de la Rabanout Harashit.

Ce système est-il parfait ? Certainement pas. Comme beaucoup d’autres organismes bureaucratiques. Mais ce n’est pas une raison pour le fermer ou le privatiser : il suffit de l’améliorer. D’autant plus qu’il s’agit de l’autorité nationale concernant la question du judaïsme de l’État et donc l’expression nationale du judaïsme de notre patrie. La décision de démanteler « l’establishment religieux » et transmettre les décisions publiques concernant le judaïsme et la Halakha à la décision de chaque Rabbin équivaut à la décision de démanteler le ministère de la Santé et de laisser décider seul chaque médecin.

Pourquoi la plupart des nouveaux immigrants non juifs ne se convertissent pas ?

Non pas parce que la Rabanout est trop exigeante mais parce que d’après la culture israélienne actuelle, être goy en Israël est « in », et que la rabanout est « primitive ».

Pour régler le problème de la conversion et du coup le danger de l’assimilation qui se développe en Israël, il faut tout d’abord changer de conception. Il faut renforcer le système de conversion national par une augmentation de budget et de personnel. Il faut organiser une campagne d’information à long terme qui expliquera aux nouveaux immigrants l’importance de la conversion et l’importance de devenir juif d’après la Halakha. Cette campagne devra bien entendu inclure toute la société israélienne et en renforcer la conscience et l’identité juives. C’est le cœur de la problématique.

L’importance du rôle de la Rabanout Harashit dans l’élaboration d’une réglementation halah’ique unique en matière de conversion.

L’existence même d’une réglementation unique est plus important que la « justesse » de cette réglementation (cf l’explication donnée sur le verset: « Selon la doctrine qu’ils t’enseigneront, selon la règle qu’ils t’indiqueront, tu procéderas; ne t’écarte de ce qu’ils t’auront dit ni à droite ni à gauche ».)

Le rôle de la Rabanout Harashit dans le domaine de la conversion et l’existence d’une réglementation nationale unique dans ce domaine sont extrêmement importants pour l’unité du peuple et pour ne pas tromper les candidats à la conversion. Il faut éviter une situation dans laquelle des convertis seraient reconnus juifs dans certaines communautés et non dans d’autres, éviter les problèmes d’inscription de mariage, éviter la scission dans le peuple en tribus pour les générations futures.

Comme dans tout organisme d’État, il peut y avoir des discussions professionnelles et légitimes entre gens de la profession, mais il est clair que c’est à l’organisme lui-même après discussions, de fixer les standards auxquels nous serons tous astreint. C’est ainsi que cela se passe dans une société civilisée.

De plus, penser qu’il est possible d’imposer au monde religieux des principes par la législation est irréel. De même que la loi prévoyant de nourrir de force les prisonniers faisant la grève de la fin est restée lettre morte en raison de l’opposition du monde médical, de même à fortiori cela sera le cas sur des questions de Halakha. Même si d’après la loi, chaque rabbin de ville aura le pouvoir de convertir, la majorité des Rabbins ne reconnaîtra pas ces conversions. Elles ne seront pas reconnues non plus par des non-religieux et des traditionalistes qui voudront préserver leur « yih’ous » et s’assurer que leurs enfants se marieront avec des juifs et resteront juifs d’après la Halakha.

Quelle est donc la controverse au niveau de la Halakha ?

Il y a plusieurs controverses. La principale touche la conversion des mineurs – de mères non juives – qui grandissent dans des familles non religieuses. Il existe plusieurs opinions sur ce sujet au sein même de la Rabanout. Mais la décision majoritaire selon laquelle on ne peut convertir ces mineurs  a été adoptée. Si chaque Rabbin venait à prendre la décision selon sa propre position, cela mènerait à une scission dans notre peuple.

Le Ministre Kahana prétend que sa réforme préservera le statut de la Rabanout Harashit. Qu’en est-il ?

Il prétend que la Rabanout pourrait retirer le pouvoir de conversion d’un Rabbin qui ne prendrait pas ses décisions d’après les réglementations en place.

C’est faux:

  1. D’après la réforme,  les tribunaux (Beth Din) des rabbins de ville seront complètement indépendants dans leurs décisions au niveau de la Halakha. Ils ne seront pas soumis à l’autorité de la Rabanout Harashit ni au niveau administratif ni au niveau du système de conversion national. Ils seront soumis à l’administration régionale – un fonctionnaire dont le mode de nomination n’est pas clair. D’après la réforme, chaque Rabbin de ville (et même un Rabbin de village) pourra monter plusieurs antennes de conversion et convertir des candidats de tout le pays selon ses propres positions. Aucune autorisation n’est exigée pour monter ces Beth Din, ou pour confirmer leur composition et ces Beth Din seront indépendants en matière de conversion. La réforme propose donc d’octroyer à chaque Rabbin de ville ou de village, une autorité plus grande encore que celle octroyée aujourd’hui au Grand Rabbin d’Israël concernant tout le système de conversion.
  2. La réforme comprend la fondation d’un comité directeur pour les nouveaux Beth Din  composé de deux membres nommés par le Premier Ministre (bientôt Yair lapid…), deux membres nommés par les Grands Rabbins et un président nommé par le Ministre des Cultes en accord avec le Grand Rabbin. Soit une majorité de trois contre deux représentant le gouvernement. Que se passe-t-il en cas de non accord entre le Ministre et le Grand Rabbin concernant l’identité du président ?
  3. Ce comité directeur, qui est une entité administrative et non religieuse, fixera les règles de la conversion. Il s’agit donc d’une volonté de dicter dans la législation les principes religieux aux rabbins, ce qui est un précédent inacceptable.
  4. Selon la réforme il est possible de disqualifier un Dayan mais uniquement pour des raisons techniques et non pour son verdict qui serait en contradiction avec la Halakha.
  5. La disqualification d’un Dayan ne peut se faire qu’après la recommandation à l’unanimité du comité directeur malgré la complexité de sa composition.
  6. Suite à cette recommandation, il faut une majorité absolue et sans précédent au sein du conseil de la Rabanout Harashit pour disqualifier un Dayan. Vu que le Ministre des Cultes actuel a l’intention de changer la méthode de nomination des Rabbins des villes et transmettre ce pouvoir au conseil municipal (organisme laïque en majorité), le changement se fera sentir aussi au sein de la composition du Conseil de la Rabanout Harashit.
  7. Selon la réforme, des délégués régionaux nommés par le gouvernement signeront les certificats de conversion à la place du Grand Rabbin d’Israël. Cette validation sera sans appel auprès d’une autre instance. De plus leur validation n’est que technique. Ils seront forcés de signer le certificat si les conditions procédurales sont remplies.
  8. Selon la réforme, les conversions auront un statut final et seul le Beth Din qui a réalisé lui-même la conversion sera habilité à revoir la question en cas de problème.
  9. Il est évident qu’il n’y a aucune chance pour que la Haute Cour de justice valide une disqualification d’un Dayan ou d’un Beth Din à cause d’un verdict  différent de la Halakha fixée par la Rabanout Harashit.

Il en ressort que Kahana, le Ministre des Cultes ne laisse à la Rabanout Harashit qu’un rôle symbolique sans aucune réelle influence sur la conversion.

Ce qu’il faut faire:

  1. Une réforme ne peut avoir lieu sans être réalisée avec l’accord préalable de la Rabanout Harashit.
  2. Si on donne la possibilité aux rabbins des villes de créer des Beth Din  pour conversion il faut fixer dans la loi l’autorité exclusive de la Rabanout Harashit concernant la jurisprudence au niveau de la Halakha.
  3. Il faut créer une distinction claire entre le côté administratif qui sera sous l’autorité du comité directeur et le côté de la Halakha qui restera sous l’autorité exclusive de la Rabanout Harashit.

La majorité écrasante des Rabbins est contre la réforme. Il n’est donc pas normal d’imposer cette réforme contre l’avis de la majorité.  De plus, les arguments des Rabbins qui soutiennent cette réforme, n’ont rien à voir avec la réforme elle-même. Il est donc évident que lorsqu’ils découvriront le texte de loi, ils changeront d’avis.

Il est faux de prétendre que le Rabbin Droukman est d’accord avec le Ministre Kahana et qu’il ne reste qu’à régler des détails mineurs. Un de ces « détails » est le maintien de l’autorité exclusive de la Rabanout Harashit qui est comme précédemment expliqué, le cœur même du problème. Or cette condition ne sera jamais acceptée par Liberman dont le but est au contraire de ne plus être soumis à la jurisprudence de la Rabanout.

Jamais dans l’Histoire juive un rabbin de ville ou de communauté n’a converti un candidat d’une autre ville dans laquelle siégeait  un rabbin comme le propose la réforme.

Cette réforme s’inscrit dans une approche complètement contraire au sionisme religieux qui sanctifie l’Etat d’Israël, car elle remet en cause notre unité nationale. Il est vrai que durant les premières années de l’État, l’autorité de conversion revenait aux rabbins des villes. Les Grands Rabbins d’Israël ( Rav Shapira et Rav Mordehai Eliaou) sont ceux qui ont remis cette autorité à la Rabanout Harashit au vu du véritable défi que comportait les vagues d’Alyah gigantesques d’URSS qui comprenaient beaucoup de non juifs. Il fallait donc un système qui permette une uniformité dans la jurisprudence. C’est le cas de beaucoup d’autres domaines qui étaient par le passé, gérés de manière privée ou par les communautés, et qui sont à présent gérés par l’État d’une manière uniforme.

Il est également nécessaire et urgent de corriger la Loi du Retour qui permet aux petits enfants de Juifs d’en bénéficier. Cette extension de la définition  du terme « juif » dans cette loi était peut être nécessaire lors de la chute du Mur de fer car ceux montés à cette époque avaient choisi Israël et non pas un autre pays parce qu’ils ressentaient un lien fort avec le peuple juif et l’Etat d’Israël. Elle n’a plus de raison d’être de nos jours. Ce n’est qu’un moyen pour Liberman, qui insistait dans toute coalition à garder le ministère de la Alya, de faire grossir ses rangs et qui aujourd’hui insiste pour changer les modalités de conversion et d’une manière générale porter atteinte à l’identité juive de notre Patrie.

(©traduction et résumé : Israël Is Forever)