HAZKARA de Jacques Kupfer zal, par Maître Nili Naouri.

Il est particulièrement émouvant de réaliser la hazkara de mon père, Jacques Kupfer,


en ce lieu, au mahon Jabotinsky, a la Metzoudat Zeev car c’est ici que tout a
commencé. À l’âge de 14 ans, mon père a reçu une bourse de la mairie de Paris pour
voyager dans un pays de son choix. L’honneur et la fierté juive étant des valeurs
fondamentales dans son éducation, c’est naturellement vers Israël qu’il s’est envolé.
Un ami de la famille, Mr Lotker, lui a fait visiter ce lieu mythique. À l’époque, il n’y
avait que 3 étages. Il lui a montré la maquette de la prison d’Acre et lui a raconté
l’évasion légendaire qui y avait eu lieu. En visitant, Lotker a demandé s’il existait des
brochures en français. Il n’y en avait qu’une seule, portant sur l’idéologie du Betar
selon Zeev Jabotinsky. Mon père l’a lue et s’est enflammé. Ce message était celui
qu’il attendait.

De retour en France, il s’est engagé au Betar. Très vite, il a gravi les échelons jusqu’à
devenir commandant, le Natziv Betar. De tous les titres et responsabilités qu’il a
assumés dans sa vie, il a toujours dit que cette fonction était celle dont il était le plus
fier.


Pendant des décennies, il a éduqué des centaines de jeunes Juifs, leur transmettant les
principes du Betar, du Hadar et du Tagar. Il leur racontait les exploits des héros de
l’Histoire juive : Josué, Guideon, les Maccabim, Bar Kochba, Herzl, Trumpeldor, les
membres du réseau d’espionnage du Nili, et surtout ceux de l’Etzel et du Lehi, qu’il
vénérait profondément. Et il transmettait l’enseignement de Jabotinsky – qu’il
considérait comme son maitre.


À Paris comme à Jérusalem, il faisait défiler les Betarim en uniforme dans les rues.
En France, munis de nunchaku, les betarim avec leur chef au 1 er rang, se battaient
contre les antisémites de tous bords, ceux d’extrême droite mais aussi les islamo
gauchistes, dans les universités et dans la rue. En Israel, il les emmenait en misdar sur
le Har Habayit,

chantant fièrement Hatikva et ils terminaient au poste de police. Un
mahane d’été s’est transformé en rejoignant le Goush Emounim du Rav Levinger, en
organisant une implantation à l’entrée de Shkhem.
Il a redonné la fierté juive à une jeunesse qui, jusque-là, manquait de repères, en leur
faisant découvrir l’idéal sioniste et le militantisme.
En 1964, l’État d’Israël a rapatrié les ossements de Zeev Jabotinsky, le Rosh Betar,
depuis les États-Unis où il était décédé en 1940. Chlomo Friedrich, membre de
l’exécutif mondial Herout Hatzoar, a organisé le transit par la France. Une cérémonie
solennelle a eu lieu à Orly en présence de nombreuses personnalités,

et mon père a eu
l’immense honneur de porter le cercueil de Jabotinsky.

En 1969, muni d’une lettre de recommandation d’Albert Stara, mon père rend visite à
Menahem Begin. Ce dernier écrit alors à Stara pour lui confier que Jacques Kupfer
avait fait la meilleure des impressions et prédit qu’il réussirait tout ce qu’il
entreprendrait dans sa vie privée comme publique. Il ne s’était pas trompé.
Rapidement, Begin et Shamir lui demandèrent de mener la campagne pour la
libération des Juifs d’Union soviétique.

Sous sa direction, plus aucun représentant de
l’Union soviétique ne pouvait se rendre en France sans être confronté aux Betarim.

Pas un spectacle du Bolchoï ni des chœurs de l’Armée rouge ne pouvait se dérouler
sans que les Betarim montent sur scène, brandissant des panneaux « Laisse partir mon
peuple ».
Mon père s’est rendu en Russie avec une valise remplie de tefilin, de sidourim, et
d’articles de Jabotinsky écrits sur du papier à cigarette. Le KGB le suivait à la trace. Il
mémorisait, sans les écrire, des dizaines de noms et d’adresses de Juifs pour maintenir
le contact avec eux. Grâce à lui et à d’autres Betarim de France qui ont également
effectue ces voyages périlleux, un lien précieux a été maintenu avec nos frères
emprisonnés derrière le rideau de fer.


Comme l’écrivait Yair Stern, « des rangs de la famille militante, on ne sort que par
la mort ». Mon père a incarné cet engagement jusqu’à son dernier souffle. Après son
rôle de Natziv Betar, il a poursuivi son chemin en devenant président du Herout de
France, du Likoud de France, puis du Likoud mondial. Il a également siégé à la
direction de l’Organisation sioniste mondiale, et fut élu chef du département des
francophones et des activités sionistes en Galout..
Avec sa vision et son énergie, il a fondé Israel Is Forever, pour mobiliser les forces
sionistes francophones. Il a concentré ses efforts sur la souveraineté juive en Judée-
Samarie, et en particulier sur Hébron, en instaurant les fameux YOM HEVRON.


Mon père a organisé des meetings, des manifestations et d’immenses dîners où il
invitait députés, ministres et premiers ministres du camp national de l’État d’Israël.
Ces événements rassemblaient et galvanisaient des milliers de personnes autour des
idéaux du sionisme.

En parallèle, il dirigeait le groupe horloger Citizen France, il a également siégé
comme juge au tribunal de commerce. Mais par-dessus tout, il se consacrait à sa
famille avec une dévotion sans faille. Comme l’avait prédit Menahem Begin, sa vie
fut une parfaite réussite, à la fois publique et personnelle.
Cette année, nous avons décidé de mettre à l’honneur le mouvement Betar, qui vient
de célébrer ses 100 ans d’existence. L’idéologie jabotinskyenne a marqué mon père
d’une empreinte indélébile. Elle a forgé ses valeurs, guidé ses actions, et donné un
sens à son combat pour Israël et pour le peuple juif. La preuve en images :